THIERRY CITRON


 

Concert, ce soir. Debout dans la pénombre, un homme travaille. Auprès de lui, les grandes boîtes où sont soigneusement alignés des bâtonnets de pastel par centaines, aux nuances très subtilement différentes les unes des autres. Il peint au pastel, sur le vif. Non pas la réalité de ce que chacun peut voir, mais celle de sa vision à lui, de la vision que suscite la musique qu’il écoute. Il lui faudra en avoir terminé lorsque les derniers sons se seront dissipés sous les voûtes. Urgence du coup d’œil, spontanéité de la technique.

Cet homme, c’est Thierry CITRON tel que je l’ai rencontré un beau jour d’été, en Auvergne. On y jouait Bach, bien sûr. Nous n’avons parlé que de la musique, qu’il aime passionnément. Avec ses harmonies et ses équilibres, ses couleurs et ses rythmes, ses architectures secrètes. Son énergie, sa vie. Et sa profondeur.

Et puis, j’ai découvert ses œuvres et j’y ai retrouvé l’expression de sa passion pour la musique et pour la nature. Ce frémissement de la lumière, tout autant musique que nature, cette vibration de l’air.

J’aime flâner à ma fantaisie dans les parcs de ses pastels et leurs allées parcourues d’ombres furtives, et puis par la fenêtre ouverte sentir l’air qui monte du jardin en fleurs. Le jardin ? Il est devenu une féerie colorée. Mon œil s’y attarde par mille chemins à la découverte d’un monde enchanté, ici vers une tache écrasée de soleil, là par un coin plus frais, guidé par la lumière et les couleurs. Et toujours et partout, le mystère.

L’homme a trouvé sa place harmonieuse dans la nature. Et cette relation entre eux est musique.

Gilles CANTAGREL